vendredi 8 août 2014

Challenge Barcelone 2010




Ecrit le samedi 8 janvier 2011



Après Copenhague quelqu’un m’a gentiment proposé un petit cocktail de Ritaline-Xanax-Lexo mais au bout de quelques jours de repos j’ai eu envie de me lancer sur un dernier tri pour terminer la saison en beauté. Il est vrai que j’ai un peu hésité vu l’intervalle de seulement sept semaines entre les deux courses, mais après avoir reçu les conseils avisés et les encouragements de Pascal F. le multi-ironman finisher rencontré à Rapperswil, c’est motivée à bloc que je me suis inscrite au Challenge Barcelona avec comme seule devise «go go go and have fun ! »

La préparation est plus que chaotique entre la période de repos après Copenhague, puis les 3 semaines où il faut de nouveau charger avant de rediminuer en volume pour faire du jus… je ne réussis pas à tenir mon plan d’entraînement, la plus longue sortie étant de 1h45 en càp et de 4h en vélo. C’est difficile au niveau physique comme si j’étais constamment lessivée et sans force, avec des douleurs récurrentes aux tendons d’Achille et aux genoux, de même qu’au niveau mental avec beaucoup de charge au boulot et de voir que la majorité des autres ont fini leur saison. Bref, j’espère juste limiter la casse le jour J…


En cherchant des infos sur le net je tombe sur le super blog de irontri70 qui va aussi faire la course et je prends contact avec lui pour qu’on se retrouve sur place, ouf au moins une personne que je « connais ». Pour me motiver je regarde en boucle la vidéo de 2009 et en profite pour repérer des bouts du parcours.


Vendredi 1er octobre

Après une garde de nuit éreintante, c’est tel un zombie que je m’envole pour Barcelone. Dans le taxi qui m’emmène à Calella où a lieu le tri, j’essaie tant bien que mal de repérer la route du parcours vélo. La météo est superbe : grand soleil, température agréable de 25°C, plage de sable fin, mer bleue à perte de vue… on en oublierait presque qu’il y a une course dans deux jours ! Je dis presque car sur place les rues grouillent de triathlètes super affutés qui sont à bloc sur leurs machines de guerre avec le casque aéro, les roues lenticulaires, les compressports aux mollets… la pression monte, j’ai peur… mais qu’est-ce que je fous là ?!? Je descends poser mes bagages à l’hôtel Président situé à environ 15min de marche du départ puis je vais récupérer mon dossard: j’ai le n°72, le premier juste après les pros étant la plus jeune des féminines. Je décide de faire l’impasse sur la pasta-party car je suis tellement fatiguée que je m’endors comme une souche à 19h.




Samedi 2 octobre

Après un bon sommeil récupérateur, je file au briefing en français. Là-bas je retrouve très facilement Pascal alias irontri70, ainsi que son frère Frédéric venu faire le supporter et reporter-photo. Je n’apprends pas grand-chose de plus au briefing que ce que j’ai déjà pu lire sur le site web et dans le prospectus de la course mais c’est surtout histoire de se rassurer. L’après-midi on dépose les vélos au parc et les sacs dans la tente de transition et je constate que le mien est l’un des rares à ne pas être équipé de prolongateur. Voilà tout est prêt. Le plat de pâtes du soir passe avec peine tellement j’ai l’estomac noué par le stress… c’est fou de se mettre la pression comme ça pour rien ! Les messages d’encouragement de quelques potes que j’ai reçus me mettent du baume au cœur.


La nuit sera courte, bien trop courte… je gaspille près de deux heure rien que pour arriver à m’endormir et ensuite je me réveillerai au moins une dizaine de fois car j’ai trop chaud, trop froid, soif, besoin d’aller au toilettes. Chaque coup d’œil au réveil me rapproche inexorablement de l’heure fatidique.




Dimanche 3 octobre

5h du matin, ça y est je ne peux plus reculer, mais qu’est-ce que j’aimerai déjà être le soir même ! Direction le parc à vélo qui ouvre à 6h, je gonfle mes pneus puis les recontrôle une centaine de fois tellement je suis devenue parano des crevaisons. Je vois les pros qui se préparent juste à côté, tiens un poussin jaune… mais c’est Hervé Faure !!! 


Je lui demande si je peux le prendre en photo, mais il est tellement rapide même à l’arrêt que ma photo est floue sniff… Et surprise, je croise également Kevin et Xavier de Nancy avec qui j’étais en stage à Argelès!



Ensuite direction la plage… ajustement de la combi, salive dans les lunettes… 7h30 départ des hommes pros, 7h32 les femmes pros, puis 7h34 la vague des féminines : «A sus puestos… PAN !!! » et c’est parti !


Le calvaire en natation

Dès les premiers mouvements je sens que ça va être dur : l’eau est terriblement salée, j’ai tout de suite très soif, la combinaison me frotte à mort sur la nuque, le seul endroit où je n’avais pas mis de crème anti-frottement. Un groupe de poissons pilotes part tout à droite et un autre tout à gauche, je ne sais lequel suivre et fais des aller-retour continus entre les deux ; je n’arrive pas à visualiser les bouées car il fait encore bien sombre et je zigzague dans tous les sens … Orientation médiocre sans parler des dizaines de grosses méduses rouges de 15cm de diamètre flottant tout près de la surface qui m’ont foutu une de ces trouilles !!! La natation a été un vrai calvaire, je ne me suis sentie bien à aucun moment… je ne sais pas combien j’ai nagé mais sûrement bien plus que les 3.8km annoncés, 1h13 de torture : belle contre-performance avec 6min de plus qu’à Copenhague…



Pendant la natation, les organisateurs ont eu la bonne idée d’inverser l’endroit des sacs bike et run, ce qui fait que j’ai eu une fraction de seconde de frayeur en ouvrant le sac et en voyant mes baskets! Je me suis même demandée si j’avais complètement perdu la boule jusqu’à ne plus me souvenir de l’endroit où j’avais placé mes sacs, mais un rapide coup d’œil autour de moi m’a rassuré en voyant tout le monde avec le sac run ! 


Promenade en vélo le long de la mer

Départ pour le vélo, 3km à slalomer dans les petites ruelles de la ville et à passer sur des dos d’âne avant de rejoindre la nationale. Xavier et Kévin, partis peu après moi, me dépassent assez rapidement. Le circuit est composé de trois allers-retours: deux de 66km entre Calella et El Masnou et un troisième plus petit de 42km entre Calella et Mataro, tout cela sur la route nationale complètement fermée à la circulation. Il y a quelques coups de cul en début et fin de chaque boucle, rien de bien méchant, mais qui font mal aux cannes à force d’y passer, à la fin ça sera en moulinant tout à gauche et je ne serai pas la seule ! Il fait beau et chaud, le soleil est maintenant bien haut dans le ciel, je pense à boire toutes les 10min et à manger une barre toutes les heures. Le 1er tour passe assez correctement, mais ensuite le vent se lève et on l’aura de face à chaque aller, dur dur ; les jambes deviennent lourdes, les cuisses et les fesses brûlent, je me fais dépasser dans mon second tour par le 1er pro : on n’est vraiment pas du même monde et je dois sembler bien pathétique scotchée à 22km/h sur du plat… J’envie ceux qui sont sur la fin du vélo, il me reste encore 60 bornes, allez ça fait juste un Genève-Lausanne et je rentre finalement au parc après 6h40, le même temps que Copenhague en ne comptant pas la crevaison, mais j’y aurai laissé des plumes, la chaleur n’ayant rien arrangé.



Quatre tours de manège

Dès les premières foulées en càp mon meilleur ami le tendon d’Achille se manifeste… super, plus que 42km… Le parcours se compose de 4 boucles le long du bord de mer mais dès qu’on sort de la ville il n’y a plus un chat sur la route. Le 1er tour est le plus difficile pour le mental, car les pros ont déjà plié bagage et la plupart des autres triathlètes ont déjà un, deux, voire trois tours d’avance. Même tactique que sur le dernier tri : je trottine entre chaque ravito où je marche pour prendre de l’eau, un quartier d’orange et un morceau de banane à défaut de barres, sûrement insuffisant au vu des quelques épisodes de vertige que j’ai eu… Je croise et recroise Kevin qui a environ 15km d’avance sur moi, ainsi que Pascal et Xavier : on s’encourage à chaque fois, c’est cool ! Il y avait aussi cet esprit de solidarité entre compagnons d’infortune comme le triathlète n° 767 de Dijon qui courrait à peu près à la même vitesse que moi et avec qui j’ai un peu discuté, ce suisse allemand qui criait « hop Schwitz ! » quand on se voyait, et ce supporter français en slip de bain jaune fluo complètement déchaîné qui nous a encouragé jusqu’au bout de la course ! La nuit tombe et il y a de moins en moins de coureurs sur le parcours ; le dernier tour se fait avec un tronçon de 2km dans le noir total à l’exception d’une lampe tous les 30m : un petit moment où l’on se retrouve dans une bulle et où le temps semble suspendu… c’est la partie que j’ai préférée ! Arrive enfin le dernier ravito où je prends mon gel Red Tonic Pimpin censé me donner des ailes : j’arrive même à sprinter à un bon 9km/h et dépasser quelques personnes sur le dernier km. 5h26 pour le marathon, ça ne restera pas dans les annales.


Et enfin la finish line !!!! Petit coup d’œil au chrono… 13h30, ouille ça fait mal. Hop la médaille, une bouteille d’eau, puis un t-shirt taille pyjama aussi blanc et transparent que celui de Cublize. Le buffet est cette fois bien garni mais je n’ai pas faim ; je cherche en vain les douches jusqu’à ce des traithlètes français me disent qu’il n’y en a pas… super, entre l’eau salée, la transpiration, la crème solaire, le Sportusal et le sable, on est tous sales comme des petits cochons. Pascal arrive peu après et on rejoint son frère pour aller boire un dernier verre. Au parc il ne reste plus beaucoup de vélo ; il commence à pleuviner, ça sent la fin d’une magnifique journée…



Retour à la réalité

Le plus dur je trouve c’est le retour à la réalité : rentrer à minuit passé et encore devoir faire tous les bagages, grappiller quelques heures de sommeil avant de prendre l’avion lundi au petit matin, puis enchaîner avec une garde le soir même…

Je savais qu’aligner 2 triathlons en moins de deux mois allait être difficile, mais j’ai voulu tester mes limites et j’y suis allée sans aucun objectif de temps, juste pour le plaisir de participer et de m’éclater à fond, de faire des supers rencontres, et de baigner à nouveau dans cette ambiance grisante que l’on ne retrouve que sur les ironmans… oui, absolument aucun regret, juste « go go go and have fun » !!!!!!!!



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