vendredi 8 août 2014

Rapperswil 70.3 2010



Ecrit le vendredi 7 janvier 2011



Samedi 5 juin 2010

Départ à midi de Carouge à bord de la Sharan Tricana avec les 2 coachs, Pascal & Isabel, Daniel un ami du TriGenève et moi. A l’arrière, le porte-vélo chargé à bloc avec 3 vélos montre des signes d’instabilité dès l’entrée sur l’autoroute et, craignant pour nos montures, nous nous arrêtons à Estavayer pour retrouver Izumi, Robert et Sandrine partis de leur côté et ainsi transférer le vélo de Daniel sur leur voiture, ouf ça va mieux.




Nous reprenons tranquillement la route en direction de Rapperswil, trop tranquillement à mon goût en particulier lorsque l’on se retrouve sur la mauvaise route nous valant un bon détour autour de Zürich et que je vois le l’heure défiler à toute vitesse… je commence à stresser de ne pas arriver à temps pour prendre les dossards ! Heureusement nous retrouvons vite la bonne direction et pouvons faire le check-in à temps. Une fois en main la petite enveloppe contenant le dossard, la puce, le bonnet de nat et les autocollants pour le vélo ainsi que le traditionnel sac-à-dos souvenir, direction le parc de transition pour aller déposer les vélos. Le contrôle à l’entrée est rigoureux avec examen du casque sous toutes les coutures ainsi que photo avec le vélo et le numéro de dossard pour éviter les vols. Une fois passé le portique de sécurité je me retrouve au milieu d’une marée jaune… des vélos par centaines, la plupart protégés sous les bâches fournies par l’organisation ; je me rends tout au fond pour atteindre la place n°81, juste en face des pros et j’observe discrètement les autres pour voir comment il faut faire puis retourne rejoindre le groupe, après un détour par le shop pour m’acheter la petite sacoche vélo que je convoitais depuis des mois !
C’est l’occasion de rencontrer Pascal F, un triathlète de Sion dont j’ai fait la connaissance via facebook et que j’ai repéré grâce à sa tenue Herbalife. On discute un moment, il essaye de me rassurer pour le lendemain… eh oui, pour lui ce n’est qu’une course d’entraînement en vue de son IM à Regensburg !


Ensuite direction l’hôtel à 5min en voiture, où on peut enfin se poser avant une pasta-party entre nous… Les spaghettis passent difficilement, je commence (ou plutôt je continue) à stresser de plus en plus et suis presque soulagée de me retrouver seule dans ma chambre. Le sommeil tarde à arriver, je me lève et me relève pour aller aux toilettes et pour vérifier une énième fois mes affaires de peur d’oublier quelque chose.



Dimanche 6 juin

Finalement le matin arrive trop vite mais je suis déjà au taquet bien avant que le réveil ne sonne à 7h. Petit coup d’œil à travers les rideaux, ouf il fait soleil ! Mon appréhension d’avoir à rouler sous la pluie disparaît, c’est déjà ça. J’avale quelques balistos et farmers mais sans trop boirepour éviter d’avoir besoin de pisser avant le départ, enfile avec fierté la trifonction du club toute neuve avant de rejoindre Sandrine qui s’est dévouée pour m’amener au départ en voiture car je suis la seule qui commence à 9h, tous les autres partant au moins 1h après ; ça lui laisse le temps de retourner à l’hôtel prendre le petit-déj avec les autres. Dans la voiture je réalise que j’ai beaucoup trop d’affaires et vu le peu de place à côté du vélo, je décide de sélectionner le minimum nécessaire dans un sac-à-dos et de laisser le reste dans la voiture. Malheureusement une fois devant mon vélo, aarrrghhh !!! Je constate que j’ai oublié mon compteur vélo (ainsi que ma pompe mais ça c’était moins grave). Je téléphone en catastrophe à Sandrine pour lui expliquer mais elle est quasiment déjà à l’hôtel… elle va voir ce qu’elle peut faire. Je suis complètement déstabilisée, il me reste bien ma montre cardio de càp, mais le fait de ne pas pouvoir savoir à combien de km ou à quelle vitesse je suis me stresse énormément et je n’arrête pas de me maudire. La course n’a même pas commencé et j’en ai marre, je voudrais déjà que ce soit terminé.


J’essaye de me concentrer, j’enfile la combi et me rends au départ de la natation… toutes les autres filles ont l’air calmes et certaines plaisantent même ou discutent comme si de rien n’était tandis que je me morfonds intérieurement… Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi je me suis inscrite à cette course ? Pourquoi j’ai commencé ce sport à la noix?...
C’est bientôt notre tour ; les pros viennent de partir et on doit rentrer dans l’eau pour rejoindre la ligne de départ. L’eau est agréablement bonne, je n’ai pas froid et la combi tient bien pour le moment, pas trop d’eau qui rentre dans le dos. Sur la ligne je me retrouve à côté d’une française qui a le dossard 82 donc également juste à côté de moi dans le parc à vélo. C’est aussi son tout premier tri, on se souhaite merde pour la suite. Plus que quelques secondes avant le coup de pistolet… PAN, c’est parti !


1.9km de natation

Pour éviter la machine à laver je me suis mise à l’avant, et tout se passe relativement bien. Je nage en deux ou trois temps et essaye en vain de me trouver un poisson pilote ; soit je reste derrière et me prends des coups de pieds et plein de battements dans la figure soit je dépasse mais gaspille énormément d’énergie en faisant cela. Je vais donc faire la course un peu en  solo même si les autres filles ne seront jamais loin. Le temps semble interminable, je ne vois même pas la bouée qui indique la moitié du parcours, et dire qu’il faut encore faire tout le chemin en sens inverse ! Finalement ça y est, je contourne la bouée et essaye de tracer le plus droit possible pour le retour. En fait je vais surtout prendre comme point de repère le groupe de bonnets roses qui se trouve à une vingtaine de mètres devant moi. La berge se rapproche, les conseils du coach de mettre des battements vers la fin pour réactiver la circulation dans les jambes me revient en mémoire et j’en profite pour déclencher un petit pipi (chut faut pas le dire, mais je suis sûre que beaucoup d’autres font pareil) pour éviter d’avoir besoin sur le vélo. L’eau des derniers mètres est toute opaque et boueuse, je nage jusqu’à toucher le sol des doigts avant de me relever, grimper les escaliers et trottiner jusqu’au parc où j’erre un bon moment pour trouver mon vélo avant d’entendre une voix m’interpeller « hep Michèle, c’est ici ! » ; je vois alors Pascal qui s’était dépêché pour me ramener le compteur vélo à temps ! Soulagement pour le compteur et réconfort de voir une personne du Tricana, mais je suis encore toute stressée par la course au point d’avoir du mal à enfiler les chaussettes et de clipper la ceinture porte-dossard tellement j’ai les mains qui tremblent ! Il me dit d’y aller tranquille et que ce j’ai fait jusqu’à maintenant était bien. Ma voisine française est arrivée quasi en même temps mais elle fait une transition plus rapide et se retrouve bien devant moi à la sortie de T1. J’aurais finalement nagé en 33’26 mais sur le moment je n’en avais aucune idée.


90km de vélo

C’est parti pour 2 boucles de 45km : on commence par une dizaine de km quasi plats avant d’attaquer la première difficulté, Witches’ Hill une petite côte d’1km à environ 10%, et ensuite une autre montée plus régulière entre les km 16 à 21 pour arriver à Goldingen. Après c’est de la descente sur presque 14km avant de retourner sur le plat de l’aller. Dès les premières minutes je me fais dépasser par des paquets de filles toutes en position aéro sur le prolongateur, on ne joue juste pas dans la même catégorie. J’essaye de tourner les jambes le plus possible et je vois bientôt le virage à gauche annonçant Witches’ Hill : je mets tout à droite et me retrouve d’un coup en dessous des 10km/h, le souffle devient court tandis que les battements cardiaques grimpent en flèche, les cuisses chauffent, heureusement que c’est sur une courte distance. Arrive le sommet, puis un passage dans les bois, et un petit moment de répit avant d’attaquer la seconde montée. Ce que je n’avais pas imaginé, c’est qu’il ait également une petite côte aussi raide que Witches’ Hill qui casse complètement les pattes, avant d’attaquer la longue montée. La chaleur est un vrai calvaire et je peine à tourner les jambes à plus de 50rpm. Je commence à voir des groupes d’âges de gars partis 20 voire même 40min après nous et ça fout un gros coup au moral. Enfin le sommet, et là c’est parti pour un moment de pur bonheur : de la descente en ligne droite à plus de 50km/h, j’ai un peu les chocottes de tomber mais la sensation est trop grisante. Puis une dernière montée avant de rejoindre le plat de la route initiale jusqu’au point de départ et de repartir sur le second tour : 1h39 que je suis en selle et ce n’est que la moitié. Au ravito je mets pied à terre pour échanger mon bidon vide contre un plein… eh oui, malgré le temps je n’ai toujours pas réussi à oser lâcher ma main droite du guidon et encore moins d’attraper un bidon en roulant !


Le deuxième tour est superposable au premier sauf que je sais maintenant à quoi m’attendre pour les montées mais cela ne m’empêche pas de souffrir autant voire même plus avec la fatigue accumulée. Il y a également beaucoup plus de cycliste sur le parcours car la plupart des gars ont terminé la natation. Je suis contente de déjà être au deuxième tour quand je les vois ; c’est l’avantage des filles, on a notre départ le plus souvent au début. Je me fixe des mini-objectifs genre arriver en haut de la côte ; j’ose enfin me détendre un peu quand je me retrouve sur le plat, fini les bosses, reste plus qu’à mouliner pour rentrer ; plus facile à dire qu’à faire car le vent s’est levé et je dois forcer pour arriver à maintenir un 25km/h. Fin du vélo après 3h22, ce qui me fait 4min de plus au second tour. A T2 je retrouve de nouveau ma voisine française, cette fois je ferai une transition plus rapide (tout est relatif), juste le temps de mettre mes chaussures, ma casquette et mes lunettes de soleil.


21.1km de càp

… ou un semi-marathon sous un soleil de plomb et une chaleur torride. Les jambes sont lourdes, j’avance à une vitesse d’escargot, je viens à peine de faire quelques pas et j’en peux déjà plus. Au moment où je passe le panneau « km1 » je me dis que je ne suis pas du tout entraînée pour une distance pareille et me demande comment je vais terminer. Aux ravitos je m’asperge avec les éponges et bois de grandes gorgées d’eau. Certains s’arrêtent, d’autres marchent mais je persiste à courir, même si mon allure ne doit pas être très éloignée de la marche rapide, car j’ai peur de ne plus pouvoir repartir si je m’arrête. C’est donc de ravitos en ravitos que je traîne ma carcasse. A un moment j’entends un « hé Mitch ! », je lève les yeux et vois Alain-Stéphane, le pote collègue sans qui je ne me serais jamais mise au tri, arriver en face. J’avais parié une gourde avec lui que même avec son départ 1h après le mien il me rattraperait pendant la course ; je fais rapidement des calculs, il doit être à moins de 3km derrière moi, c’est cuit il va me rattraper… Arrive bientôt les 65 marches du fameux Stairways to Heaven que je grimpe en marchant. Puis c’est le check-point où l’on reçoit ces chouchous de différentes couleurs attestant que l’on a bien fait les tours, je regarde avec envie ceux qui en ont deux et qui vont très bientôt arriver au bout tandis qu’il m’en reste encore la moitié! Je sais à ce moment-là que je vais terminer, mais juste par fierté je voudrais arriver avant Alain-Stéphane. Je me retourne au moindre bruit de foulée qui se rapproche et observe sans pouvoir y faire grand chose tout le monde qui me dépasse. Je croise également David, un triathlète de Genève, avec qui je discute un petit moment. Les km s’écoulent, les pieds frottent dans mes chaussures trempées à force de m’asperger d’eau à chaque ravito et commencent à former des cloques, je suis de plus en plus fatiguée par cette chaleur. De nouveau l’escalier, le deuxième chouchou, c’est bon je suis bientôt au bout, je regarde ceux qui n’en sont qu’à leur premier tour et j’aimerais vraiment pas être à leur place, je pense au bon coca bien frais que je vais pouvoir boire quand ce sera fini. Enfin le panneau annonçant les derniers 500m où tout le monde se met à sprinter sauf moi ; le mental est là mais les jambes ne répondent plus, j’arrive sur le tapis qui mène à l’arche d’arrivée, petit coup d’œil au chrono 6’22.48. .. c’est… enfin… terminé…


Après la course

Etrangement je ne ressens pas vraiment de la joie, mais plutôt du soulagement. Un bénévole me met une médaille souvenir autour du cou, je ne marche pas très droit mais j’arrive tout de même à repérer le stand Red-bull et m’y appuie un moment. Je dois avoir une sale tête car la personne qui tient le stand me demande si ça va, j’acquiesce en silence, choppe discrètement 2 canettes et rentre dans le stade d’Hockey transformé en grand réfectoire où sont posés les autres finishers. Encore un poil lucide je me dirige direct vers les verres de coca avant de m’écrouler sur un banc en attendant d’apercevoir une tête familière. Alain-Stéphane arrive peu après, puis Pierre-Yves. Giuseppe vient nous voir et on ressort pour aller se poser au bord du parcours càp et encourager ceux qui restent ; Sandrine, qui fait le tri en relai avec coach à la nat et Robert au vélo, passe justement à ce moment devant nous  pour entamer sa deuxième boucle du semi. Après avoir traînassé en longueur, direction le parc-à-vélo pour aller récupérer les affaires ; une longue file de triathlètes en attente du check-out s’est formée et j’arrive par chance à m’incruster avec Daniel auprès de Pascal qui avait déjà commencé à faire la queue, ça nous aura fait économiser au moins une bonne demi-heure, d’ailleurs merci aux gens super sympas qui étaient juste derrière de me pas avoir rouspété !
Il commence à pleuvoir et on embarque vite fait dans les voitures pour prendre le chemin du retour. L’ambiance est détendue, tout le monde est satisfait, les objectifs sont atteints et il n’y a eu aucun abandon. Un dernier arrêt au restoroute pour fêter dignement ce week-end puis retour à la maison pour une bonne nuit de sommeil.



Bilan de mon premier triathlon

Je dirais : que l’objectif est atteint vu que j’ai fait 1h de moins que le temps limite, ça m’a rassuré de ne pas être la dernière et de voir que même avec mon temps plus que moyen il restait encore pas mal de monde derrière ; que l’entraînement a porté ses fruits ; que je suis nulle en vélo et pas meilleure en càp ; que j’ai perdu le pari donc pas de gourde ; que j’ai adoré l’ambiance de la course et me prends même à rêver de la distance supérieure… mais pas pour tout de suite, car j’ai quand même été pas mal en difficulté notamment dans les côtes à vélo et tout au long du semi et à l’heure actuelle je ne me sens pas du tout capable physiquement ni mentalement de pouvoir effectuer le double.


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