vendredi 8 août 2014

Triathlon LD de Cublize 2010



Ecrit le vendredi 7 janvier 2011



Alors tout d’abord il faut le dire : j’ai été embarquée sur ce triathlon à l’insu de mon plein gré ! Sûrement l’effet de groupe en entendant plusieurs potes du TriSalève, dont j’avais fait la connaissance lors d’un stage à Argelès-sur-Mer, en discuter entre eux et quelqu’un qui sort « allez viens avec nous ! »… ok je m’inscris donc sans trop réfléchir en me disant que j’aurai 2 semaines pour récupérer de Rapperswil. J’avais quand même été voir le profil vélo sur le site de la course, mais que j’ai très rapidement relégué au fin fond du cerveau dans une phase de déni. Par contre quelques jours avant j’ai du me rendre à l’évidence… j’allais morfler… 1330mD+ pour 100km, presque le double de Rapperswil : impossible de reculer, aïe !

En guise de motivation je visionne en boucle le clip de la course et me prépare mentalement à un remake de Rapperswil mais en plus long, plus chaud et plus dur…




Samedi 19 juin

Départ de Reignier avec la bande du TriSalève : Cécile, Marine, Ludo et Did. Le ciel est d’un gris menaçant et il fait plutôt froid pour un mois de juin ; pour se rassurer on se dit qu’il doit sûrement faire meilleur sur place. La lueur d’espoir diminue au fur et à mesure que les kilomètres s’égrènent, la pluie arrive par petites gouttes au départ puis de plus en plus fort. J’essaye de mémoriser les conseils de Ludo sur le parcours vélo qu’il avait été repérer quelques semaines plus tôt… ce que j’en retiendrais c’est qu’à chaque fois que l’on rentre dans un village, il y a un virage à droite et puis ça MONTE !!! On arrive bientôt sur le site de la course et les derniers km que nous sillonnons sont ceux de la course du lendemain : ça descend bien en pente, mais ça veut surtout dire qu’il y aura tout ça à grimper avant.



Au retrait des dossards on reçoit une petite serviette spécifique individuelle pour les épongeages sur la càp pour éviter la pollution ; pas sûre qu’elle sera d’une grande utilité cette fois-ci. On rejoint le reste des membres du club pour un petit apéro, puis chacun rejoint son bungalow, tous situés par chance à quelques minutes à pied du parc-à-vélo. Par contre on compatit avec ceux qui ont choisi l’option camping… J’ai réussi à m’incruster avec Marine dans le chalet de Did et trois autres triathlètes des Alligators, heureusement qu’il restait encore de la place. Petite pasta-party improvisée puis j’essaie tant bien que mal de m’endormir en priant pour qu’il ne pleuve pas le lendemain…


Dimanche 20 juin

7h du matin, le réveil sonne et mon premier réflexe est de regarder par la fenêtre : myope comme une taupe j’arrive seulement à voir qu’il fait sombre ; nouveau coup d’œil une fois les lentilles mises, zut il pleut et en plus il fait un froid de canard. Je n’ai absolument aucune envie de faire la course et pense même à rester au chaud dans le chalet et attendre que les autres aient fini… Je ne sais pas si c’est pour l’amour du tri ou par pur masochisme, mais on se rend tous au parc à vélo où une nouvelle constatation me met le moral à zéro : le sol en terre est complètement détrempé par la pluie ! J’essaie de protéger mes affaires avec des sacs en plastique mais sans grande conviction. Dans l’aire juste à l’entrée de l’eau, des centaines de pingouins parés de bonnets verts trépignent en attendant le départ, ceux du courte distance sont en orange et partent 5min avant nous. Petit briefing de l’organisateur qui nous informe qu’au vu de la température de l’eau à 14°C la partie natation sera raccourcie de moitié, c’est-à-dire 1.5km au lieu de 3km, génial ça va désavantager encore plus les nageurs. Mes pieds glacés prennent un bain de boue et je suis transie par le froid; dans la foule je reconnais Franck et Roger, tout autour les autres du TriSalève plaisantent tandis que je reste mutique… mais qu’est-ce que je fous là ? Pourquoi je me suis inscrite à cette course? C’est sûr, après ça j’arrête le triathlon…


1.5km de natation

Les CD viennent de partir, c’est bientôt notre tour ; une voix annonce au microphone un couloir de départ spécial pour les féminines tout à gauche mais je préfère rester avec mes potes. Ca commence à bousculer par l’arrière, le sifflet retentit et je m’élance à contre cœur. L’eau est glaciale et m’asphyxie dès l’entrée, ça envoie des coups de partout même si on n’est que 300, je n’arrive pas à respirer et suis déjà entrain de brasser. Après 2min je pense à abandonner et faire demi-tour, mais bon je me dis de continuer encore un peu jusqu’à la prochaine bouée, et petit à petit la masse des nageurs s’étire, l’eau semble plus chaude et je trouve enfin mon rythme même si l’orientation est plus que difficile car je ne vois rien du tout dans le lac sombre. En fin de compte je suis quand même bien contente de ne pas avoir à faire un second tour tellement  le temps me semble long avant d’apercevoir de nouveau la berge. Sur les cent derniers mètres la température de l’eau chute d’un coup pour redevenir glaciale, heureusement que c’est la fin. Le tapis à la sortie de l’eau est glissant, les petites pierres qui parsèment tout le chemin de transition jusqu’au parc à vélo me piquent les pieds déjà bien anesthésiés.


Au parc je vois que le vélo de Cécile n’est plus là, elle doit déjà être loin sur le parcours. Je perds un temps immense à essayer de me sécher et mettre le maillot manches longues de Yan (vu que j’étais tellement bien prémédiquée par le clip vidéo qu’il ne me serait jamais venu à l’idée qu’il puisse faire froid !) et bien nettoyer les petons pour enfiler des chaussettes sèches qui ne le resteront pas longtemps. A peine quelques pas effectués en direction de la sortie du parc, mes pieds s’enlisent dans de la boue et je manque de perdre mes chaussures. Je vois le gars devant moi qui avait laissé les siennes clippées au vélo et qui essaie d’éviter (sans y arriver) de salir ses chaussettes…


100km de vélo

J’atteins enfin la route et c’est partie pour les 2 boucles : j’essaie de mouliner un max pour me réchauffer mais j’ai les jambes et les pieds engourdis, sensation qui va rester tout le long. La bonne nouvelle c’est qu’il a arrêté de pleuvoir et je prie pour que la météo reste comme ça. Je me souviens que la première difficulté commence vers le km10 et en attendant j’essaie de boire et manger mais ça passer difficilement avec le froid. Comme d’habitude des paquets de cyclistes me dépassent, mais de temps en temps j’entends des « allez TriSalève ! » des autres du club vu que je portais le maillot de Yan et ça me booste. Dans les côtes je prends mon mal en patience et mouline sur le petit plateau mais ça ne va pas bien vite, le plus souvent le compteur n’affiche pas les deux chiffres; dans les descentes j’essaie de tracer pour rattraper le retard tant qu’il ne pleut pas, car sur une route mouillée je n’oserai pas prendre ces risques. C’est vrai qu’à chaque village il y aura un virage à droite puis une montée, ça me fait rire intérieurement. J’ai les doigts tellement congelés que je n’arrive pas à attraper mes barres, et ensuite j’ai du mal à les manger car elles sont devenues aussi dures que du béton. Fin du premier tour après 2h10 et j’entame le second dans un état proche d’un zombie, mon cerveau n’enregistrant plus grand-chose. Il recommence de nouveau à pleuvoir par intermittence, j’en ai marre d’être sur le vélo, j’ai des crampes dans le ventre et plus de force, normal avec à peine trois barres et un bidon sur tout le parcours ! Je reconnais enfin la dernière descente nous ramenant au parc et c’est presque un soulagement que d’aller courir.


20km de càp

Un parcours pas tout à fait plat non plus avec 340mD+ au total, mi-bitume et mi-sentier dans la forêt, qui au final ressemble bien plus à du trail au vu des chemins tout boueux à sillonner. Les jambes sont tétanisées et la foulée lourde et ce n’est que du plat pour l’instant ; la bosse de 3km commence juste après le premier ravito et j’alterne course et marche sans grande différence de vitesse. Beaucoup de monde me dépasse encore, mais la plupart sont déjà sur leur deuxième tour. Dans les descentes je sens mes genoux qui ramassent tout et dans les passages boueux j’essaie juste d’éviter l’entorse de cheville. Fin de la boucle où l’on revient devant le parc, ceux qui terminent leur course franchissent la ligne d’arrivée tandis que je dois passer à droite pour encore 10km de galère… je me demande si quelqu’un s’en apercevrait si je bâchais la fin et passais la ligne maintenant. Mais bon, à quoi ça sert de s’aligner sur une course si c’est pour ne pas la faire en entier ? Je continue donc mon chemin de croix, il pleut toujours par intermittence et les coureurs se font bien plus rares. Juste en bas de la bosse j’entends quelqu’un m’appeler, c’est Roger qui me dépasse et qui va tracer comme un fou dans les descentes. Je pense à bien m’hydrater mais n’arrive à rien manger de solide mis à part quelques morceaux de pain d’épice et des raisins secs. Arrive finalement la dernière ligne avant le parc, cette fois c’est moi qui vais rester sur la gauche pour passer la ligne d’arrivée. Juste derrière un bénévole me tend un petit écureuil en peluche et je m’y accroche comme à un lingot d’or… c’est que j’ai souffert pour l’avoir cet écureuil, et j’y tiens !!! Les jambes flageolantes, je rejoins Roger et Marine qui nous attendait dans l’aire d’arrivée.


Après la course

On retourne au chalet et la douche bien chaude me ressuscite. Maintenant que la course est derrière je me dis que ce n’était pas si terrible que ça en fin de compte (toujours facile à dire une fois que c’est derrière soi). Le temps de ranger mes affaires trempées et on remballe tout sans traîner car la route du retour est encore longue. Dans la voiture tout le groupe est naze mais content, on reviendra volontiers l’année prochaine… à condition qu’il fasse beau !



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